Le XVIème siècle...
Des quatre coins de l'Europe,
de gigantesques voiliers partent à la conquête du Nouveau Monde.
A bord de ces navires, des hommes,
avides de rêve, d'aventure et d'espace,
à la recherche de fortune.
Qui n'a jamais rêvé de ces mondes souterrains,
de ces mers lointaines peuplées de légendes,
ou d'une richesse soudaine
qui se conquerrait au détour d'un chemin de la Cordillère des Andes ?
Qui n'a jamais souhaité voir le Soleil souverain guider ses pas,
au cœur du pays Inca,
vers la richesse et l'histoire
des
MYSTERIEUSES CITES D'OR

English version

1. Introduction
2. Le mercredi, à seize heures...
3. Une grande aventure
4. Le meilleur de l'anime
5. Le revers de la médaille
6. Question...
7. C'est tout ?

Introduction

Le texte d'introduction ci-dessus ne vous est sûrement pas inconnu, pas plus que le titre du dessin animé dont je veux vous entretenir. Je dois dire que j'ai hésité avant de faire cette page : d'autres avant moi et bien mieux ont su créer de très riches sites auxquels il est inutile (et vain) de faire concurrence. Mais le visionnage de l'intégrale m'ayant plongé dans une frénésie temporaire, je n'ai pu m'empêcher d'y aller de mon modeste hommage avant que le soufflé ne retombe. Vous y trouverez inévitablement des révélations dont vous voudrez bien me pardonner.
Ça se passait donc...

Le mercredi, à seize heures...

Le mercredi, à seize heures, en cet automne de l'an de grâce mil neuf cent quatre-vingt trois, eh bien je ne pouvais rien voir du tout ! En effet, l'horaire coïncidait inopportunément avec mes activités sportives. J'avais donc à peine le temps de voir le camarade Jacky faire le bouffon en costume de conquistador, avant de sauter dans mes baskets et d'attraper mon sac, la mort dans l'âme (bon, j'exagère un peu). Et de ronger mon frein tandis que les copains à la récré racontaient l'épisode de la veille. Heureusement, il y avait les vacances scolaires pour capter une bribe des aventures solaires d'Esteban, Tao et Zia. Alors, les Galápagos, oh ! Solaris, ah ! Le documentaire en fin d'épisode, yeah ! Et puis, les cours reprenaient, les entraînements aussi, et à la récré : "T'as vu, hier ? Le Solaris il a coulé !" (Argh !!!)
Bref, les Cités d'Or et moi, ça a commencé par une énoôorme frustration. Heureusement, Antenne 2 nous fit la grâce de rediffuser l'intégrale deux ans après. J'étais un peu moins jeune certes (treize ans et des boutons...) mais toujours aussi demandeur, et je puis vous assurer que cette fois je n'ai pas manqué un seul épisode. Depuis lors, j'en ai gardé le souvenir d'un grand dessin animé pour... Sommaire

Une grande aventure

39 épisodes de vingt minutes et quelques, qui mis bout à bout constituent une formidable épopée.

C'est d'abord l'histoire d'un enfant, seul au monde ou presque, comme tant de héros pour enfants, de Tintin à Rémi. Sauf que Tintin ne se préoccupe pas de son ascendance, alors qu'Esteban, en ce jour pluvieux de l'an 1532, à Barcelone, apprend de la bouche de son tuteur mourant, le révérend père Rodriguez, que son géniteur a disparu douze ans plus tôt dans le naufrage de son navire en plein Pacifique. Avant de sombrer, il a eu le temps de confier à un marin intrépide venu à son secours le bébé qu'il tenait dans ses bras. Esteban, l'enfant, a donc été sauvé des eaux et amené en Espagne sur le vaisseau amiral de Magellan lui-même, avec un étrange médaillon suspendu au cou, ainsi que la réputation avérée de faire surgir le soleil d'entre les nuages. Le marin courageux, Mendoza, se fait alors connaître et révèle à Esteban que son médaillon est lié aux mystérieuses Cités d'Or, des villes légendaires situées sur le Nouveau Monde. Il lui propose de l'y accompagner pour les rechercher avec lui. Mendoza obéit à son appétit de lucre, mais pour Esteban, c'est essentiellement la quête du père disparu qui le pousse à prendre la mer.

C'est l'histoire d'un deuxième enfant, d'une fille, Zia, originaire des Andes, du même âge qu'Esteban. Son père, un grand-prêtre inca, lui a légué un médaillon semblable à celui d'Esteban, ainsi que la connaissance du système d'écriture et de calcul des Incas, le quipu. Enlevée par le gouverneur Pizarro et séquestrée en Espagne, elle se fait ravir par Mendoza pour le compte d'un conquistador ambitieux, Gomez. Ils espèrent qu'elle leur indiquera le chemin des cités fabuleuses. Avec Esteban, tous deux passagers clandestins du navire espagnol qui les emmène vers le Pérou, elle part aussi à la recherche de son père.

C'est encore l'histoire d'un troisième enfant, Tao, définitivement orphelin lui, qui vit solitaire sur l'île du Pacifique non loin de laquelle Esteban et Zia, accompagnés de Mendoza et de ses acolytes, Sancho et Pedro, se sont échoués après le naufrage de leur navire. Tao est l'héritier d'un savoir considérable, celui de ses ancêtres du légendaire empire de Mu. L'arrivée des deux autres enfants annonce pour lui le temps de prendre le chemin de la quête de ses origines, et là encore cette quête passe par les Mystérieuses Cités d'Or.

Les obstacles sur la route seront innombrables, qu'ils viennent de la nature, des Espagnols cupides et sans scrupules, des tribus hostiles du Nouveau Continent et de ses mystères insondables. Mais ils pourront compter sur l'appui -intéressé- de Mendoza et de ses compagnons, sur le soutien des peuples incas et mayas qui voient en eux les envoyés des dieux, sur l'intelligence incroyable de leur fidèle perroquet ˆˆ ainsi que sur la sagesse providentielle du défunt empereur de Mu dont les secrets technologiques surgissent à point nommé pour donner à nos héros les moyens de leur ambition. Et à mesure que ceux-ci progressent et résolvent les énigmes, il apparaît que l'enjeu des Cités d'Or dépasse de loin la simple course au métal précieux.

Nos trois héros réussiront-ils à percer le secret de l'empire du Soleil ?
Ne manquez pas le prochain épisode des Mystérieuses Cités d'Or ! Sommaire

Le meilleur de l'anime

De l'avis de beaucoup autour de moi et sur le Net, et à mon avis, les Cités d'Or tiennent le haut du pavé en matière de dessin animé, sur bien des plans. Bon, il est vrai que depuis, de l'eau a coulé sous les ponts, et même par dessus, et que la réalisation accuse un âge certain si on se met à la comparer à celles de productions plus récentes, telles que le fleuron du studio Gainax, qui de toute façon boxe dans une autre catégorie, et que j'évoque uniquement pour faire de la pub aux pages que je lui consacre par ailleurs ;)
Quoi qu'il en soit, on ne peut nier que le "dessin animé le plus intelligent de la Terre" soit pourri des qualités qui font les meilleurs des animes, et que voici un peu dans le désordre comme ça me vient :

  1. Des héros auxquels on s'identifie immédiatement  : Qui n'a jamais rêvé de tenir le manche doré du Grand Condor entre ses mains, de dissiper les nuages sur commande * et d'ouvrir des tas de chouettes passages secrets en actionnant toutes sortes de mécanismes ingénieux ?
    Qui n'a jamais retenu son souffle pendant que nos héros nageaient désespérément dans le tunnel immergé sous le Vieux Pic, frémi alors qu'ils affrontaient les alligators du dieu de la Pluie ou qu'ils se débattaient dans les abominables congélateurs olmèques ?
    Qui n'a jamais écrasé une larme tandis que Tao sanglotait sur les vestiges du Solaris, que Zia enterrait son vieux père à peine retrouvé ou qu'Esteban échangeait un dernier regard avec celui qui lui avait donné le jour sans jamais le lui révéler ?
    L'identification aux héros, c'est CA-PI-TAL !


  2. Un univers cohérent : la accion tiene lugar dans l'Amérique tout juste post-colombienne, alors que les conquistadores n'ont pas encore fini leur vilain travail. Les éléments historiques, géographiques et archéologiques de cette région de la planète sont brillamment intégrés dans le DA, la plupart du temps avec justesse, ce qui rend l'histoire très crédible à quelques détails près. Pour asseoir le côté fantastique, on fait appel aux mythes  : les dieux incas et mayas et les continents disparus. Ce fantastique sert de liant à l'ensemble, permettant à nos héros de parcourir l'ensemble des grandes civilisations sud-amérindiennes dans une progression logique. En outre, des sites tels que Machu Picchu et le plateau de Nazca, dont le rôle historique prête encore à discussion, trouvent tout naturellement leur place et leur justification dans le contexte (science-)fictif.

  3. Un graphisme de qualité : pour l'époque et pour une série TV, en tout cas. Depuis on a fait beaucoup mieux, évidemment, mais il faut comparer ce qui est comparable. Ici du moins, point d'images fixes monochromes et autres Ô-Temps- suspends-ton-vol, choix esthétiques ou simples gages de rentabilité que je ne supportais pas à l'époque (et guère mieux aujourd'hui). Je retiens surtout les effets de lumière particulièrement soignés, avec le soleil notamment. Quant aux plans aériens du Grand Condor à contre-jour, ils sont tout bonnement époustouflants. Ma seule véritable déception concerne les arcs-en-ciel, qui louchent trop du côté de l'Ile aux Enfants...

  4. La musique d'accompagnement : ou BGM. Oeuvre de Haim Saban et Shuki Levy. Un seul qualificatif : Rhhâââaaaaa  !!! (comme le dieu du soleil, enfin l'autre !)
    En clair, ça va de très bien à... (voir ci-dessus). Sans rire, il y a des morceaux que Vangelis ne renierait pas ! Un peu plus d'une vingtaine sont encore disponibles sur le Web, issus du 33T original ou reconstitués à partir des vidéos, par la grâce de vrais mordus.
    Deux CD "officiels" ont été édités par la suite, l'un par RYM Music (juste le 33T avec packaging bien moche), l'autre par AK (packaging superbe mais contenu sans rapport : le 33T + reconstitutions mono, avec du multimédia bâclé -et repompé- et en prime un clic au début de chaque plage -soupir...)
    C'était à ce point frustrant qu'il s'est fort heureusement trouvé un autre mordu pour tenter l'exercice ardu de la réinterprétation des thèmes. Yannick Rault a ainsi pu nous livrer une version "non-officielle" : rien moins que l'ensemble des thèmes absents du 33T d'origine, reproduits avec un souci de fidélité remarquable, sans compter les quelques créations personnelles qui ne gâchent rien, bien au contraire ! Le tout est disponible sur deux CD du label Loga-Rythme, bien connu des nostalgiques de ma génération. Un achat indispensable !
    Les Japonais eurent droit en leur temps à des BGM différentes. Je ne sais ce qu'elles valaient, mais pour ce qui est des génériques japonais, que j'ai pu écouter sur le site de Mark Yates, je vous livre ma réaction à chaud : groumpffffhihiHOHOHAHAHA (rire gras non dénué d'une certaine consternation. Mais il paraît que ça vaut mieux que d'être sourd  !)

  5. Les reportages : après l'avant-goût un brin spolieur de l'épisode suivant, nos tendres cervelles avaient droit à un reportage didactique de trois/quatre minutes sur divers sujets allant des gouffres amers du détroit de Magellan aux cérémonies folkloriques des bords du Titicaca, en rapport autant que possible avec l'épisode de la semaine. Vous imaginez cela aujourd'hui ?
    C'est avec délices que nous arpentions avec la caméra de NHK les crêtes andines et les plateaux du Yucatán, guidés en grande pompe par le commentaire de Jean Topart (voix célèbre dans l'animation : "Aujourd'hui, Rémi et ses amis arrivent à Aurillac" "Tu erreras désormais dans un monde inconnu..." entre autres !) Mine de rien, c'est le genre d'initiative audacieuse qui incitait le petit garçon que j'étais (snif !) à plonger dans son Tout l'Univers pour approfondir. J'ai même ouï dire que cela avait décidé de la carrière future d'un fan !

  6. Un suspense insoutenable : vous le constaterez si vous acquérez l'intégrale en vidéo, il est assez difficile de se dire : "après cet épisode-là, j'arrête", parce que justement à la fin, un péril inopiné menace nos amis et on ne peut pas les laisser dans cette situation. Ou bien c'est un voile levé sur un mystère, et on veut savoir comment les héros vont le mettre à profit. Le "résumé de l'épisode suivant" nous met bien l'eau à la bouche pour que nous embrayions sur la suite, quitte à casser un peu le suspense parfois. Mais il faut dire que normalement, une semaine s'écoule entre chaque épisode, on a quasiment oublié ce qui va se passer, et le résumé est bienvenu pour nous rappeler ce qui s'est passé la dernière fois ! Le suspense n'est d'ailleurs pas limité aux fins d'épisodes, et l'action est riche en cordes raides de tous crins !

  7. Un scénario en béton : "En France, on n'a que des mauvais scénaristes, quand on en a". Ce théorème hélas maintes fois démontré ne s'applique évidemment pas au tandem Deyriès/ Chalopin, dont le talent a enchanté les enfants du monde entier. Pour les Cités d'Or, ils n'avaient qu'à retravailler un scénario déjà bien débroussaillé par l'équipe japonaise, à partir du roman assez peu enthousiasmant paraît-il de Scott O'Dell. Encore un cas où une adaptation dépasse l'œuvre dont elle est issue !

On peut encore parler de la psychologie soignée des personnages ou d'un humour pas trop niais, même quand il est entre les mains hasardeuses du duo de choc Sancho/Pedro. Tout cela fait que ce merveilleux DA résiste à l'outrage des ans... de ses spectateurs ! Sommaire

 

* Par chez moi, ce serait bien pratique, malheureusement je ne suis pas fils du Soleil ! Par ailleurs, j'aurais vraiment aimé avoir Esteban sous le coude à Laon, un certain 11 août du siècle dernier...

† Cette chaîne nippone a une réputation solide en matière de reportages. On se rappelle, à la même époque, l'excellente Planète miracle.

Planète Fun