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Pour une analyse psychologique sérieuse des personnages d'Eva, je ne saurais trop vous suggérer d'aller voir ailleurs... dans la série, par exemple. Anno la fait très bien :) Pour lui rendre hommage, sachant qu'il a un faible pour la marine, je commencerai ma galerie de portraits par les femmes et les enfants d'abord. |
On ne peut parler du personnage de Rei, mais
des personnages de Rei. Les inconditionnels d'Ayanami se référent
la plupart du temps à la n°2, celle qu'on voit le plus longtemps
et la plus attachante. Mais avant, il y a cette vilaine petite fille qui tient
des propos insolents à une dame d'âge mûr, sous un joli minois
sarcastique. Certes, Madame Akagi est une vieille peau qui a le mauvais goût
de sortir avec un veuf passablement répugnant, mais ce n'est pas une
raison pour se moquer ainsi de ses aînées ! Cette petite mal élevée
finit donc étranglée : une bonne leçon pour Rei II, qui
gardera désormais ses réflexions pour elle.
Son inexpressivité caractéristique, qui peut rebuter au départ,
nous charme par la suite, dès lors qu'on a pu voir poindre quelques sentiments
élémentaires sur sa terne -quoique jolie- figure. Elle est même
terriblement désarmante ! On se réjouit surtout de voir sa palette
émotionnelle s'enrichir petit à petit au cours des épisodes
: d'abord indifférente voire distante vis-à-vis de son third
collègue, elle se laisse gagner par sa gentillesse maladroite, au point
qu'une entente tacite se développe entre eux, révélée
en plusieurs occasions. Bien sûr, le facteur génétique y
est sûrement pour quelque chose, mais Rei a dû aussi comprendre
qu'Ikari Junior était meilleur professeur que son papa. Son éventail
de sollicitude s'élargit même à cette grande gueule de Suzuhara
(encore qu'il ne l'ouvre plus trop à ce moment-là), jusqu'à
Asuka qu'elle tente de conseiller alors que cette dernière file un très
mauvais coton. Las ! Le jeu se termine pour elle juste au moment où elle
acquiert le niveau "larmes".
Tout n'est pas perdu pour autant, il lui reste une vie, et Rei III a récupéré
avec succès la nouvelle faculté lacrymale, grâce aux sauvegardes
régulières effectuées dans le Central Dogma. Mais quelle
est cette fille qui développe des AT-Fields sans EVA, jusqu'à
rivaliser avec celui pourtant maousse du dix-septième ange ? La
série ne nous livre guère d'indices, juste une sensation de malaise
que nous partageons avec Shinji, à l'idée de ces trois avatars
et de leur collection de mannequins. Il faut attendre le film pour avoir confirmation
de sa parenté particulière avec la baudruche clouée dans
le Terminal Dogma...
Il faut que je vous avoue une chose : le roux n'est pas ma couleur préférée :) Si en plus la gonzesse en question est une emmerdeuse de première... Pourtant je suis le premier à reconnaître que Miss Sôryû est la bienvenue pour animer le club plutôt morose des enfants qualifiés. Mais elle n'a visiblement pas reçu son compte de fessées étant enfant ! On lui pardonnera, surtout que c'était une très mignonne petite fille (non, je ne mange pas de ce pain-là !) qui a dû gérer très tôt des situations pour le moins déstabilisantes. Sa carrière s'en est d'ailleurs plutôt bien ressentie, jusqu'à ce qu'Araël y mette un terme avec ses sondages inopinés. Une bonne tacticienne, peu impressionnable, dont la tenacité inégalée constitue son AT-Field personnel. Malheureusement, ces belles qualités qui délimitent son ego sont entachées d'une prétention qui frise souvent l'imbécillité et mine la solidité de ce caractère. Il faut la suivre quand elle gifle les regards bien involontairement portés sur ses dessous tout en rejouant Sept ans de réflexion par dessus l'arc-en-ciel, ou quand elle prétend aguicher le Casanova de ces dames alors que sa condition de femme -qu'elle refuse- ne s'est pas encore manifestée à son âge avancé. Ce genre de contradiction, qui s'explique très bien par ailleurs, a le don d'horripiler les uns et de faire fondre les autres. Au fond, son attitude se résume par : "Si je ne suis pas la meilleure en tout, ni celle que tout le monde admire, à quoi bon vivre ?" C'est bien ce qui la perdra. Pourtant, aux rares moments où elle tombe le masque, elle est réellement adorable (si si !). Ainsi que dans le manga, où bizarrement, Sadamoto la préfère blonde... (pas de conclusion douteuse !)
Le pivot d'Evangelion est un anti-héros,
nous sommes d'accord... Est-ce une raison pour lui coller une étiquette
définitive de lâche invétéré, alors qu'il
n'est pas que ni toujours cela ? Malheureusement, Shinji est incompris
de beaucoup de fans d'Eva, qui ne voient en lui qu'une lopette (à
commencer par son doubleur américain). Ça me fait penser aux ignorants
qui décrivent Hamlet comme un versatile dépressif à triste
mine et à collants, alors que ce champion d'escrime est aussi un joyeux
bringueur (avec il est vrai quelques problèmes familiaux et la paire
de collants)...
Le third children est un des personnages les plus réalistes qu'il
m'ait été donné de voir dans une série d'animation ; en fait, il ressemble à bien des gens que j'ai connus... et souvent
appréciés :) On peut évidemment s'agacer de ses perpétuels
"gomen" laryngés et de son regard scotché sur
les baskets de son interlocuteur, mais ses problèmes familiaux à
lui ne sont vraiment pas minces (même si on ne l'astreint pas aux collants).
Cela ne l'empêche pas d'évoluer, à l'instar de Rei : l'égocentré
du départ devient altruiste, comme le constate son copain Tôji.
Les leçons données par son entourage (par les anges aussi, qui
sait ?) portent peu à peu leur fruit, et ce jusqu'à la Complémentarité,
la libération possible.
En ce qui concerne sa timidité, elle est toute relative, car poussé
dans ses retranchements, il peut devenir féroce et alors mieux vaut s'écarter
de son chemin, surtout lorsqu'il porte une plugsuit et qu'il a un Shogôki autour
de lui (ici, insérez un rugissement de sa doubleuse attitrée
:) À seize ans, je l'imagine assez bien au volant de l'Alpine de Misato,
semant la terreur dans les rues de Tôkyô-3 en faisant hurler le Kenwood
S-DAT. Le hérisson deviendra-t-il blaireau ? Fort heureusement, le Third
Impact surviendra à temps pour en faire un mythe. À ce propos, si
vous êtes un fervent supporter de ce mythe, évitez absolument les
films de la fin, car il y est sérieusement mis à mal ! (cf section 5-A)
Kensuke et lui constituent la paire de clowns traditionnelle censée donner du contraste aux personnages principaux : le sportif un peu bourrin associé au petit malin, tous deux partageant des valeurs typiquement masculines. Tôji est un garçon entier, genre "brute au cur tendre" : après avoir cogné "ce taré de pilote de robot" parce que sa petite sur chérie se trouvait là où il ne fallait pas au mauvais moment (et il fallait bien qu'il se calme sur quelqu'un, comme il le dit lui-même), il exige que ledit taré lui rende un pain en réparation de sa propre bêtise. Après quoi il intègre Shinji sans plus de façons dans le club des idiots, avec sans doute en arrière-pensée la perspective d'entrapercevoir un bout de la colocataire. À la différence de Kensuke, il n'envie pas pour autant le job de leur nouvel ami, particulièrement depuis l'arrivée de la tornade rousse, à laquelle il se présente d'une manière un tantinet directe... (elle l'aura cherché ! :) C'est même le boulet au pied qu'il s'apprête à rejoindre la fine équipe. Malheureusement, le quatrième qualifié n'aura pas l'occasion de faire montre de ses talents de pilote. Du moins, cette aventure l'aura démarqué de sa condition initiale de faire-valoir du jeune mythe en devenir, mais cela valait-il d'y laisser une jambe ?
Ce faux children et vrai ange a déjà eu droit à sa tartine dans la section 4, à laquelle je vous renvoie. Ajoutons seulement que l'épisode 24 révisé explicite sa nature particulière, qui le place nettement au-dessus des autres anges, et pour cause ! Mais pour conclure avec les children, parlons un peu de ce singulier pluriel qui irrite bien des oreilles anglophiles. L'explication "officielle" est qu'il témoigne de la nature "multiple" de la première des enfants qualifiés. Tout le monde n'est pas convaincu, et certains avancent la thèse de la faute d'anglais grand débutant passée inaperçue puis recouverte d'un prétexte bancal. Des fautes d'anglais, on en trouve, mais à ce point-là... J'imagine à la rigueur un type de Gainax commettant effectivement la faute, celle-ci étant relevée mais passant immédiatement dans le jargon du milieu, en tant que private joke, si on veut... Autre théorie plus iconoclaste : l'institut Marduk ne traite que des schizophrènes !
Ma réaction à sa première apparition : "Tiens, voilà Jean !" Même bouille binoclarde sympathique, même passion pour la chose militaire, même penchant pour les jolies brunes... Cependant, la caméra qu'il trimbale en permanence pour filmer tout et n'importe quoi distingue bien le Tokyoïte du Parisien. Par rapport à son acolyte, Kensuke est plutôt "le bon sens près de chez vous" : bien que la vue d'un bout de tissu "cam" le fasse sauter au plafond, il sait se montrer raisonnable et de bon conseil. Par ailleurs, sa passion le rend très dégourdi, capable d'aller pêcher des tas d'informations utiles là où elles se trouvent, quand le héros qu'il jalouse ne sait que répéter : "Ah ben j'savais pô, Misato-san m'a rien dit...". À l'instar d'Asuka (pour laquelle il craque dans le manga), il ne se prend pas la tête avec la métaphysique des anges, préférant se focaliser sur la bataille des EVA. Encore un qui n'aimera pas la fin !
Au cours de votre scolarité, vous avez certainement connu ce genre de responsable-née, première volontaire dans les collectes pour le tiers-monde, impliquée au premier chef dans la moindre activité officielle de la classe (dont elle était naturellement la déléguée), qui plastronnait à la fête de fin d'année dans une imitation de Claude François et s'arrogeait le droit de faire la leçon à ceux qui ne brassaient pas autant d'air qu'elle :) Quoi d'étonnant que quelqu'un d'aussi à cheval sur sa réputation fasse la paire avec la chieuse qualifiée ? À ceci près qu'Hikari est bien plus prude que sa camarade, dont l'exubérance provocante doit malgré tout la fasciner. Comme elle est secrètement fascinée par ce garçon très grossier, qu'elle houspille continuellement pour donner le change... "Parce qu'il est gentil" confie-t-elle à une Asuka éberluée. Bien que soumise à la dictature des apparences, elle arrive à voir au travers ; son cas n'est donc pas désespéré...
Voilà une femme qu'il doit être
très agréable de fréquenter, à condition d'éviter
la cohabitation : cette feignasse sait habilement user de son charme naturel
pour refiler à des âmes plus faibles (suivez mon regard)
les corvées ordinaires. Si elle a rompu d'avec Kaji, c'est peut-être
que celui-ci ne se montrait pas aussi docile pour descendre les poubelles ?
Et ne parlons pas de la bouffe... Quand la situation l'exige, en revanche, elle
ne crache pas dans la soupe miso et assume ses responsabilités avec maestria,
même quand on ne lui demande rien. Dans les pires situations, elle garde
un moral d'acier et une confiance en elle qui forcent l'admiration de tous,
et d'où elle puise ses plans invraisemblables qui réussissent
in extremis : en clair, elle a "la foi qui soulève les montagnes".
Avec en prime un cur gros comme ça : le facteur humain est toujours
prioritaire dans sa stratégie, à la différence de son amie
Ritsuko. Pour elle, les children sont des enfants avant d'être
des pilotes : Misato n'hésite donc pas à prendre Asuka et Shinji
sous son aile, se considérant un peu comme leur mère/grande sur
adoptive, même si elle a parfois du mal à gérer leurs caractères
difficiles. De temps en temps, la frivole ou la chieuse se manifestent, mais
cela ne fait que rendre le personnage infiniment réaliste et attachant.
Si les opinions des fans sont partagées concernant Asuka ou Rei, je n'en
connais pas beaucoup qui détestent Misato !
Je ne pense pas être le seul à avoir retrouvé une part de la commandante en second du Nautilus dans le personnage du professeur Akagi : la ressemblance physique, la pensée rationnelle qui confine à la dureté, la liaison avec le commandant en chef... Le destin d'Electra est plus enviable toutefois. Au contraire de Misato, Ritsuko ne laisse guère les sentiments interférer dans les opérations, ce qui lui vaudra quelques gifles scandalisées de la part de sa meilleure amie. Plus exactement, elle ne se laisse gouverner que par ceux qu'elle éprouve pour Gendô, qui la paiera bien mal de retour. Mais comment une femme aussi jolie a-t-elle pu sans honte se frotter à ce vieux dégueulasse, à la suite de sa mère ? Nul doute que ce sale type est la cause de cette sécheresse de cur qui nous aliène un personnage autrement capable de gentillesse, comme lorsqu'elle se laisse entraîner dans les soirées sympas entre amis. Quand elle dit par exemple que "nous ne garantissons pas la vie du pilote", on croirait entendre son amant. Mais lorsqu'on a compris le sordide de sa situation, on ne peut qu'avoir pitié d'elle.
La mère de la précédente, qu'on ne voit que dans un épisode, mais qui hante toute la série au travers de son chef-d'uvre cybernétique : le Magi System. Elle est presque aussi pitoyable que sa fille, qui en a forcément pâti. Ritsuko a bien essayé de se distinguer de sa mère en changeant radicalement de look (elle a bien fait :), mais ça n'a pas suffit apparemment. J'accablais la petite Rei I tantôt, mais la vieille taupe a bien mérité et ses vannes et son sort.
Cette gentille fille m'a tout l'air d'une stagiaire qui aurait embrayé sur un CDI : elle fait plutôt jeune, encore très guindée devant ses supérieurs et face aux avances de Kaji. Cela ne diminue en rien ses compétences, même si elle ne crache pas le code aussi vite que Ritsuko, son mentor, qu'elle admire sans restriction (voire plus, mais là, on entre dans le folklore de The End ) En digne informaticienne, elle est très regardante sur les performances matérielles et l'ergonomie ;-)
Comment une femme aussi jolie a-t-elle pu... Oui, bon, on ne va pas la refaire ! M'est avis que c'était une belle ambitieuse, qui a trouvé en Gendô le partenaire idéal de ce point de vue. Mais son amour pour lui et pour leur fils n'était pas feint. Sa disparition dans l'EVA-01 aura-t-elle été une façon de concilier le tout ? On verra dans le film que bien qu'étant affiliée à la Seele, sa vision du bonheur de l'humanité va quand même un peu plus loin que celle des vieillards, même si elle ne me réjouit guère davantage.
Le personnage que vous aimez haïr... Les épithètes malsonnantes ne manquent pas à son encontre, et vous avez dû en croiser plus d'une dans ma prose. Plutôt que de continuer sur ce registre, faisons-nous l'avocat du diable, et tentons de lui trouver quelques bons côtés :
Remarque : le schéma initial du père indigne
abandonnant lâchement son fils doit être écarté, vu
l'aveu introspectif de Shinji lors son hypersynchronisation. Ce dernier a bel
et bien fui son papa, dans des circonstances et pour des raisons obscures. Mais
je pense qu'elles devaient être valables...
Autre remarque : la fin de la série donnerait facilement à
croire que derrière son masque insensible, le brave Gendô n'a songé
qu'au bonheur de son fils, en lui offrant la Complémentarité après
toutes ces épreuves. Rappelons donc que le Gendô que l'on voit
au dernier épisode n'est pas sa personne véritable mais "Ikari
Gendô dans le cur de Shinji".
L'épisode 9 nous montre un supérieur ronchon, Japonais de la vieille école, pour qui perdre la face est plus grave que perdre la bataille... Mais cette éminence grise est quand même autrement plus sympathique que Gendô. À la différence de ce dernier, il ne considère pas la fin comme justifiant tous les moyens, et son humanisme se révèle à maintes occasions : le militaire n'a pas effacé l'universitaire. D'abord opposé à Gendô, il finit pourtant par se passionner pour le projet E. Le partenariat entre eux deux repose sinon sur un but commun, du moins sur leur opposition secrète aux "vieillards" de la Seele, que Kôzô méprise à l'évidence : son cynisme quand il parle du Comité est révélateur. En somme, il a misé sur celui qui lui semblait le moins mauvais des chevaux...
Agent double, triple, quadruple... ? On ne le
saura jamais exactement. D'un côté il espionne la Nerv, la sabote
peut-être (qui a fait sauter les plombs à votre avis ?) ; de l'autre,
il l'assiste pour défaire un ange et dérobe le véritable
Adam pour Gendô. Ce délicat numéro d'équilibriste,
qui lui sera fatal, lui permet de mener sa propre enquête et de découvrir
peu à peu les intentions réelles de ses divers commanditaires.
Globalement, il a sa propre éthique personnelle qui dirige chacun de
ses actes dans l'un ou l'autre sens.
Ce manipulateur qui se sait manipulé a de toute évidence un amour
profond de la vie, que révèlent sa décontraction ordinaire
(et trompeuse), de même que ses talents de séducteur et de jardinier.
Son amour pour Misato, dissimulé derrière son libertinage, n'est
pas moins profond. Il doit d'ailleurs admettre que son ex-petite amie a beaucoup
mûri, malgré sa frivolité : elle est digne de prendre le
relais, et s'il ne l'aide que parcimonieusement dans ses investigations, c'est
probablement pour ne pas la griller trop tôt (et lui avec). Kaji est en
outre un fin psychologue qui sait toujours prendre le third children
par le bon bout, et ne se laisse pas mener par les minauderies de la second.
Dans le club des employés modèles, il n'a pas un rôle très marquant, si ce n'est de se composer des mines toujours plus incrédules devant les données que Magi affiche sur son moniteur. À ses heures, il cultive la gratte et un look à la Lennon.
Le collègue de Shigeru s'est dégotté un poste de choix, comme homme de confiance du major Katsuragi. Il faut croire qu'il s'y montre à la hauteur, puisqu'elle n'hésite pas à lui faire part de son enquête personnelle concernant la Nerv et le Comité, enquête à laquelle il contribue au mépris du danger. On sent bien qu'il en espère un peu plus que de la simple gratitude, mais je crains fort que ses espérances ne doivent se limiter à trimbaler la lingerie fine de sa supérieure...
Cet improbable pingouin a pour principal mérite d'avoir contribué à rendre les rapports entre Shinji et sa logeuse vite décontractés. Notons que dans le manga, Sadamoto est plus disert à son sujet : spécimen de laboratoire sauvé de l'euthanasie par Misato, il est devenu un palliatif à sa solitude, au même titre que les chats pour Ritsuko. Misato le prend en exemple pour expliquer à un Shinji sur le départ son besoin de vivre "en famille". À ce propos, j'aimerais bien voir comment il se débrouille avec les canettes de bière que lui offre sa maîtresse...
Eva n'est pas une série manichéenne, mais si l'on devait désigner des "méchants" dans l'histoire, le choix se porterait naturellement vers ce conseil de vieux rats qui pinaillent sans cesse sur des ronds de carotte alors que l'humanité est en danger d'extinction. L'âme du complot n'est qu'une secte nihiliste, dont le seul but est la Complémentarité dans la Mort, pour une renaissance sous une forme qu'on qualifierait discutablement de plus évoluée (j'anticipe encore une fois sur le film). Difficile de ne pas faire le rapprochement avec les visées de la secte Aum et consorts, qui fit tristement parler d'elle en 1995, quelques mois avant que Gainax ne lance le chantier Eva. Bien que cet organisme n'eût pas -fort heureusement- le niveau de mainmise de la Seele sur la société, son infiltration dans les hautes sphères financières et politiques du Japon était patente - et inquiétante. Si donc notre anime a pu au passage agiter un grelot avertisseur sous le nez du public (pour reprendre une expression de Kiele) ce n'est pas plus mal. Même si, comme le dit Claude Leblanc, "ce n'est pas un dessin animé qui sortira le pays de sa crise morale".
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